Speech of Elio di Rupo

XXV Congress of the Socialist International, Cartagena, Colombia, 2-4 March 2017

 

Buenos días a todos.

Gracias por darme la oportunidad de hablar con ustedes aquí en Colombia.

Gracias a nuestros compañeros del Partido Liberal colombiano.

Gracias a todos los compañeros de la comisión de "igualdad" que trabajaron conmigo en particular, en Bruselas.

 

Dear Georges,

Dear Luis,

Dear friends,

 

As you know, I have a long standing commitment to our common work within the Socialist International.

As socialist and social­democratic parties, we have a totally different vision of the society than the right­wing ones.

We do not want human beings to be slaves of the economy.

We want an economic model completely oriented towards social progress.

And we fight together for a fair and united world.

Simply because the problems we all face are global.

Whether it means climate, financial or migration crisis.

No continent is spared.

 

* * *

 

One of the global issues we have to face together is inequality.

Because inequality is rising almost everywhere.

In developing economies but also in countries where the wealth distribution is traditionally less unequal.

 

Here, in Cartagena, representing all members’ parties of Socialist International, I would like to reaffirm our deep and unshakable belief in human equality.

Equality must be the foundation, the measure, and the goal of all just societies.

Wherever we may be, the struggle against inequality is embedded at the very core of our socialist DNA.

 

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Chers Amis,

Nous sommes confrontés aujourd’hui à une tâche immense, car le champ des inégalités semble infini.

Concrètement, l’inégalité la plus brutale, c’est le fait que des femmes et des hommes n’aient pas accès à l’essentiel pour subsister et pour vivre dans la dignité. Ils n’ont pas d’accès à la nourriture, à l’eau, à un toit.

L’Organisation mondiale pour la Santé estime que près de 2 milliards de personnes boivent de l'eau contaminée chaque jour.

C’est totalement inacceptable dans un monde globalement riche.

Je rejoins d’ailleurs la Directrice générale de l’OMS lorsqu’elle déclare qu’« aider les pays à atteindre la couverture sanitaire universelle est la meilleure chose que nous puissions faire pour ne laisser personne à la traîne » .

 

Mais d’autres inégalités existent.

Les inégalités de « type de vie » telles que les disparités entre les hommes et les femmes ou les discriminations subies par les personnes d'origine étrangère.

Et les inégalités de « liberté » que sont toutes les entraves au droit de vivre sa vie comme on le souhaite: le mariage gay, l’accès à l’euthanasie ou à l’interruption volontaire de grossesse.

En tant que socialistes et sociaux­démocrates, nous devons lutter contre toutes les formes d’inégalités, j’ai bien dit toutes les formes d’inégalités.

 

Chers Amis,

Aujourd’hui, nous avons, comme jamais auparavant, une vision claire et quantifiée des différentes formes d’inégalités dans le monde.

Et nous connaissons également leurs dramatiques conséquences.

Les outils de communication actuels nous empêchent de dire « nous ne savions pas ».

 

* * *

 

Partout, les inégalités maintiennent les hiérarchies de privilèges et d’exploitation.

Et, les inégalités jouent également un rôle très important dans le renforcement des populismes à travers le monde.

 

* * *

 

La lutte contre les inégalités est donc une question vitale pour l’avenir de l’humanité.

Cette lutte impose de remettre en cause la manière dont les Etats appréhendent certaines questions fondamentales pour les citoyens.

La manière aussi dont les relations entre les différentes régions et continents du monde s’organisent, et la manière dont les richesses produites sont redistribuées.

 

Un exemple: Le commerce international.

Tel qu’il est organisé aujourd’hui, il est plus un outil de dérégulation que de régulation. Et c’est essentiellement un outil au bénéfice des multinationales.

Pas des citoyens quoi qu’en disent les idéologues de droite.

Selon plusieurs rapports, en 2016, 1% de la population de la planète détenait près de la moitié de la richesse mondiale.

A l’exception de quelques pays, les écarts de revenus et de richesses entre les citoyens n’ont cessé de se creuser depuis le milieu des années 1980.

Il faut se rendre à l’évidence, la croissance mondiale ne profite qu’à une faible minorité.

La moitié la plus pauvre de l’humanité a bénéficié de moins d’1% de l’augmentation totale des richesses mondiales depuis l’an 2000.

Dans le même temps, les 1% les plus riches ont accaparé la moitié de cette hausse.

Ces chiffres démontrent que nous devons combattre partout et en tout temps la philosophie de la Droite néolibérale qui hélas domine le monde.

NON, le fait que les riches augmentent leurs profits n’est pas suffisant pour accroitre les revenus de toute la société !

 

Quand moins d’une douzaine de milliardaires sont plus riches que la moitié la plus pauvre de l’humanité – soit plus de 3,5 milliards de personnes – le monde marche sur sa tête.

Ce n’est plus uniquement une question économique !

C’est une question politique d’une importance capitale pour nous tous, d’une importance capitale pour l’humanité.

 

Mes chers Camarades,

Aujourd’hui, l’attitude dominante dans le monde est la dérégulation, l’affaiblissement de l’Etat.

Donald Trump en est un exemple caricatural.

Les droits sociaux ne sont pas consacrés au même niveau que les droits économiques. La droite, partout où elle est au pouvoir, veut détruire toute protection sociale.

Or, pour nous, socialistes et sociaux­démocrates, c’est la protection sociale qui permet aux êtres humains de faire face aux crises et aux aléas de la vie.

C’est pourquoi, nous voulons partout dans le monde de hauts niveaux de protection sociale.

 

Quant au capitalisme débridé, il ébranle dramatiquement nos démocraties car il renforce la domination du monde économique sur le monde politique.

Or, nous, à l’Internationale Socialiste, nous voulons tous que ce soient les femmes et les hommes politiques qui régulent l’économie.

Nous favorisons partout les activités économiques qui sont positives pour les citoyens. Pas les activités économiques qui sont destructives !

C’est donc à nous, les membres de l’Internationale Socialiste, de proposer d’autres solutions.

 

Mes chers Camarades,

Les économistes Thomas Piketty et Anthony Atkinson ont remis en évidence le rôle central, pour une société équilibrée, d’une répartition plus juste des revenus.

Nos politiques progressistes, par un arsenal de législations appropriées, peuvent forcer cette plus juste redistribution.

Comment ? En taxant les plus hauts revenus et en aidant davantage les familles aux  revenus plus faibles.

En obligeant aussi les plus riches et les firmes multinationales à payer des impôts proportionnels à leur puissance et à leurs bénéfices.

 

Thomas Piketty propose d’ailleurs un impôt mondial sur le capital.

Imposer les plus grands patrimoines ne peut se faire qu’au plan mondial.

 

Nos politiques progressistes peuvent aussi faire fonctionner ce qu’on appelle parfois la "pré-distribution".

Il s’agit de renforcer la capacité de négociation des ouvriers et des employés aux salaires les plus faibles par rapport à leurs employeurs.

Nos politiques progressistes peuvent enfin permettre de modifier la manière dont les traités commerciaux internationaux sont négociés. Elles peuvent rendre obligatoire le respect de normes sanitaires, sociales et environnementales.

 

* * *

 

La commission sur l’égalité que j’ai eu l’honneur de présider a insisté pour que plusieurs engagements soient pris par l’Internationale Socialiste.

Des engagements particuliers par Région du monde en fonction de leurs spécificités.

Des engagements globaux valables sur l’ensemble de notre planète.

Ces engagements globaux, je peux en citer quelques-uns

La lutte contre la misère dans le monde avec un agenda suivi par l’ONU et la fin de la pauvreté en 2030.

L’égalité intégrale complète entre les hommes et les femmes du monde entier.

La réduction de toutes les formes de discriminations sur le marché du travail. Que ce soit pour les femmes ou pour les personnes d’origine étrangère.

La publication beaucoup plus régulière d’informations précises sur la distribution de la richesse et des revenus.

Le but est de pouvoir véritablement évaluer la performance économique des Etats.

Le PIB seul ne le permet pas.

Les indices de Gini et d’Atkinson doivent l’accompagner.

L’augmentation d’informations transmisses des flux de richesse par-delà les frontières.

La lutte active contre les placements dans les paradis fiscaux de la richesse produite par des entreprises ou des individus.

C’est un capital qui ne contribue en rien à la redistribution que doivent opérer nos gouvernements.

On parle ici d’une richesse cachée dans les pays « offshore » estimée à environ 25.000 milliards de dollars, soit plus que le PIB combiné des trois quarts des pays dans le monde!

 

Mes chers Amis,

Comme Internationale Socialiste, nous nous devons de montrer que l’égalité n’est pas seulement pour nous un noble objectif ou un droit abstrait mais bien un principe d’organisation concrète de la société pour les prochaines années.

Nous devons, partout, recentrer nos politiques autour de ce principe.

Hier, plusieurs orateurs, dont le Président Santos, ont insisté sur le chemin moral que les progressistes doivent emprunter.

Ils ont raison.

Nous devons dire haut et fort que, pour nous, l’égalité des êtres humains, en ce compris l’égalité des opportunités, est un objectif déterminant.

Que nous concevons l’avenir de nos sociétés avec amour et générosité.

Que l’économie doit être au service de l’Homme.

Qu’il nous appartient de nous battre pour faire triompher notre idéal en pronant la paix, la solidarité et l’égalité.

 

Mes chers Camarades,

L’humanité se trouve à un tournant crucial de son histoire.

L’heure est venue de retrouver l’optimisme.

Le Président Santos nous en donne un exemple pertinent et percutant.

Nous devons résoudre les problèmes, réduire les inégalités partout dans le monde.

Nous voulons une société soucieuse d’améliorer la qualité de vie de chacun, une société meilleure, dans laquelle on trouve moins de haine, moins de rancœur, moins d’égoïsme. Une société plus apaisée, plus heureuse.

Seuls, nous ne pouvons rien ou pas grand-chose.

Mais en unissant nos forces, en mobilisant les progressistes des 5 continents, nous continuerons à faire avancer le monde vers plus de justice et d’équité.

Je vous remercie encore de votre engagement dans tous ces combats que nous partageons.

 

 

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